Pokemon Écarlate et Pokemon Violet sont-ils les pires versions Pokemon ?
Novembre 2022, à l’heure où la grisaille de l’Automne remplace les douceurs tardives d’Octobre, un évènement (très) attendu rompt avec la monotonie instituée : c’est enfin la sortie de Pokemon Écarlate et Violet ! Rencontre avec la 9ème génération de Pokemon, qui nous emmène à dos de Corvaillus sur le continent de Paldéa, grandement inspiré de la péninsule ibérique !
Un an après la sortie des remakes transparents de Diamant et Perle, la franchise au 500 millions de jeux vidéo vendus à travers le monde semble confirmer sa volonté de renouvellement : cap sur un monde ouvert inspiré du pays de Castille et d’Aragon, qui suit le cap fixé par l’ops précédent (Epée et Bouclier) et profite de quelques avancées, toujours timides, amenées par le très surprenant Pokemon Arceus.
Aboutissement d’une transition progressive vers le monde ouvert et l’animation 3D, Ecarlate et Violet rompt avec la formule conventionnelle d’une histoire linéaire. Fini l’introduction de la rencontre avec un Professeur aux cheveux grisonnants et au nom humoristique, place à l’apprentissage et aux études supérieures, notre aventure commence avec la (désagréable) rentrée des classes et nous découvrons alors un campus monumental aux allures de Sagrada Familia. Une fois la surprise narrative passée, un profond soulagement nous assaille lorsque nous rencontrons, comme d’habitude, notre nouveau rival, une camarade de classe pleine de peps qui nous domine de la tête et des épaules… quoi de mieux pour établir une nouvelle relation d’amitié et de rivalité emblématique des versions Pokemon !
Si ces nouvelles licences apportent leur lot de nouveautés, la plupart bienvenue et intéressantes, on pense notamment à l’impact en combat de la téracristallisation, on ne peut s’empêcher de remarquer une production plombée par la médiocrité de son monde ouvert. Des mécaniques essentielles, constitutives de ce qu’est un monde ouvert réussi, manquent à l’appel. L’absence d’adaptation des niveaux des boss/adversaires multiples selon les accomplissements du héros et l’évolution de ses Pokemon faussent immanquablement la promesse d’aventure “ouverte”, puisqu’un ordre de passage des différents points d’étapes qui jalonnent notre route s’impose. Pokemon Ecarlate et Violet pêchent de nouveau lourdement du côté des graphismes et des performances, la copie de ce jeu est insuffisante techniquement, héritage d’un virage vers le monde ouvert amorcé avec des années de retard sur l’évolution du genre.
Difficile au fond de ne pas remarquer les lacunes flagrantes des derniers opus, à tel point que l’on se demande si le pari d’un renouveau pris par la franchise ces dernières années n’a pas été sous-estimé. L'extrême qualité de game design, porté par un cachet hispanique rare qui confère une identité agréable aux villes et à ce nouveau continent, ne suffit plus à dissimuler les insuffisances techniques de Game Freak, qui devrait sans doute accepter un ralentissement de son rythme de production et une profonde remise en question, sans quoi on imagine difficilement comment Pokemon, qui fête tout juste ses 26 ans, peut espérer souffler sa 50ème bougie un jour.
Notre avis en clair : un bon Pokemon, un mauvais monde ouvert, le jeu ne marquera pas autant l’histoire que Rubis, Saphir et Emeraude, mais a tout de même le mérite de relever grandement le niveau après un passage à vide manifeste lors des années 2DS/3DS. Reste à ajuster le tir techniquement, l’espoir de voir débouler une 10G de qualité dans un monde ouvert époustouflant n’est pas tout à fait éteint !